1- Pourquoi certaines personnes ont-elles des varices et d’autres non ?
Le facteur le plus déterminant est l’hérédité. Chez les femmes comme chez les hommes, le risque est de plus de 50 % si l’un des parents est atteint d’une forme sévère de la maladie, et il excède 80 % si les deux le sont. L’âge est aussi en cause, mais surtout parce que la maladie est évolutive. On peut commencer à avoir des varices à 20 ans, mais, puisque la détérioration veineuse augmente lentement au fil des ans, ce n’est que vers la quarantaine que de nombreuses personnes nous consultent. Autre facteur aggravant : la grossesse, en raison de la combinaison de la prise de poids, des changements hormonaux et, d’un point de vue plus mécanique, d’une diminution éventuelle du retour veineux. Cela dit, l’incidence de varices chez les femmes n’ayant pas vécu de grossesse est la même que chez les hommes.
2 – Comment les varices se manifestent-elles ?
Pour faire image, notre système de circulation sanguine s’apparente à un écosystème hydrique. Si un cours d’eau est bloqué pour une raison ou une autre, l’eau va déborder ailleurs. C’est une bonne chose en soi, mais qui peut entraîner des séquelles. Les veines sont considérées comme variqueuses lorsqu’elles sont dilatées et que le sang y circule moins bien. Le spectre de la maladie, très étendu, va des télangiectasies, soit les petites veines réparties en toiles d’araignée, jusqu’aux « cordons » apparents formés par les veines saphènes, des vaisseaux plus importants à la surface de la peau. Si les petites varicosités sont en général plus anodines, il est cependant important de souligner qu’il n’y a pas de corrélation parfaitement linéaire entre la taille des varices et l’intensité des symptômes. Autrement dit, il est possible que des varices très apparentes ne causent ni lourdeurs ni douleurs, et que des varicosités pouvant sembler anodines soient en lien avec des problèmes plus sérieux.
3 – Quand doit-on consulter ?
Dès que des vaisseaux sont apparents ou que se manifestent des symptômes tels que jambes lourdes, crampes, œdème et démangeaisons. Les changements cutanés, comme des dermites, voire des ulcères, sont également des signes à surveiller de près, car ils peuvent annoncer un problème sérieux. Par la suite, il est fortement recommandé de faire un suivi régulier d’année en année, car on a beau traiter certaines veines, d’autres varices sont susceptibles d’apparaître, puisqu’il s’agit d’une maladie chronique.
4 – Quels sont les traitements offerts ?
En fonction de leur taille, de leur évolution et de leur nature, les veines variqueuses peuvent être traitées de trois façons. La bonne nouvelle : de 90 % à 95 % des cas qui relevaient autrefois de la chirurgie peuvent aujourd’hui être traités de façon non invasive.
La sclérothérapie conventionnelle est l’approche la plus utilisée, notamment pour les varicosités. Elle consiste à injecter un médicament irritant directement dans la veine, ce qui entraînera une blessure et ultimement une cicatrice. Le sang ne pouvant plus y circuler, la veine disparaîtra. Le traitement est en général administré par une infirmière, sous la supervision d’un médecin, et peut requérir plusieurs séances. Les patients peuvent retourner à leurs activités normales sans délai.
L’écho-sclérothérapie peut remplacer dans certains cas la chirurgie visant à traiter les veines saphènes. Les injections, qui ne requièrent pas d’anesthésie, sont administrées sous guidage échographique par le médecin. Dans la majorité des cas, cette intervention, dont l’efficacité atteint 95 %, ne nécessite pas de convalescence.
Le traitement endoveineux par radiofréquence Venefit est pour sa part réservé aux cas plus sévères. Moins invasif que la chirurgie, il se fait sous anesthésie locale. L’intervention consiste à insérer un cathéter dans la veine depuis le genou jusqu’à l’aine, puis à procéder à son ablation au moyen de radiofréquences. La durée du traitement est d’environ une heure, et les patients peuvent retourner rapidement à leurs activités normales. Des études cliniques démontrent que ce traitement permet une récupération plus rapide et entraîne moins d’effets secondaires – douleurs ou ecchymoses – que la chirurgie. De plus, les récurrences sont moins fréquentes, avec un taux de satisfaction de 93 % après trois ans.
5 – Comment se déroule la prise en charge des patients en clinique ?
Nous procédons d’abord à une évaluation, avec ou sans échographie, avant de proposer un plan de traitement. Il est souvent possible de recevoir un traitement dès la première visite, notamment s’il s’agit de sclérothérapie classique.
6 – Les traitements sont-ils remboursés par la RAMQ ou les assurances privées ?
Ils ne sont pas couverts par la RAMQ 1984, quoique les personnes qui ont besoin d’une chirurgie vasculaire peuvent subir une intervention à l’hôpital ; cela dit, l’attente peut être longue. En règle générale, les assurances privées, dont la couverture peut varier, remboursent une bonne partie de l’échographie initiale et une petite partie du médicament utilisé en injection. Les bas de compression à porter à titre préventif, notamment pendant les vols en avion, sont aussi susceptibles d’être remboursés.
7- Enfin, comment prévenir l’apparition de varices ?
L’adoption de saines habitudes de vie, comme faire de l’exercice et contrôler son poids, peut jouer un rôle positif. L’activité physique – mais je ne parle pas nécessairement d’entraînement rigoureux –, notamment, est très importante. Le fait que les gens bougeaient moins pendant la pandémie et passaient des journées entières devant leur ordinateur a entraîné beaucoup de symptômes veineux. Aller chercher un café, prendre l’escalier dans le métro, marcher : ces mouvements génèrent des contractions musculaires dans les jambes, qui génèrent un effet de pompe pour stimuler la circulation sanguine.